Le monde pendant / le monde d'après

Trois mots ressortent souvent pour désigner les personnes pensant que leur société risque de connaître l’effondrement. Ces mots sont le survivalisme, les collapsonautes et la collapsologie. Le survivalisme désigne le courant de pensée associé à la préparation (physique, matériel, intellectuel) des individus en vue de survivre à l’effondrement de la société, tout en considérant autrui comme une potentielle menace. Les collapsonautes sont plus moins similaires aux survivalistes; cependant, ils se distinguent de ces derniers sur le rapport avec autrui. En effet, les collapsonautes pensent, au contraire des survivalistes, que l’instinct de survie fera prendre conscience chez la plupart des individus d’une nécessité de s’entraider. Enfin, la collapsologie désigne elle la croyance pour ses détracteurs ou la science pour ses défenseurs des risques et des conséquences de l’effondrement de la société. Le terme survivalisme a été inventé par l’états-unien Kurt Saxon en 1975 dans son ouvrage The Survivor, tandis que le terme collapsologie paru pour la première fois en 2015 dans l’essai Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes sous la plume du français Pablo Servigne.

En novembre 2019, parut une enquête de l’Ifop, commandée par la fondation Jean-Jaurès, tentant de mesurer l’ampleur sociétale de la croyance en l’effondrement de la société tout en essayant d’établir le profil des individus croyant à cet hypothétique événement. Cette enquête s’appuie sur un échantillon allant de 1003 à 1019 personnes âgées de 18 ans et plus par pays; pays qui se comptent au nombre de cinq, à savoir les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. Dans cette enquête, l’on peut notamment retenir que 52% des sondés états-uniens, et plus pour les autres pays, pensent que la société va s’effondrer dans les années à venir. Seuls les sondés allemands pensent majoritairement (61%) que la société ne s’effondrera pas dans les années à venir. Parmi les personnes des cinq pays croyant à l’effondrement de la société, une très faible minorité pense que l’évènement se produira dans moins d’une décennie (pas un seul pourcentage au-delà de 21%) et d’ici au moins un siècle (pas un pourcentage au-delà de 24%). En ce qui concerne la cause pouvant provoquer un tel évènement, les avis sont plutôt partagés entre le réchauffement climatique ainsi que la surconsommation (de 27 à 36%) et une dégradation progressive des conditions de vie à défaut d’un effondrement soudain (de 27 à 33%). Dans l’article dédié de la Fondation Jean Jaurès, des données supplémentaires sont ajoutées. On constate notamment que l’âge du sondé joue un rôle dans sa réponse entre les conséquences du réchauffement ainsi que de la surconsommation et celle de la dégradation progressive des conditions de vie. En effet, plus le sondé sera jeune, plus il penchera sur la réponse climatique et écologique, ce qui est tout le contraire pour les âges plus mûres.

“Parallèlement à ce clivage générationnel marqué, le récit effondriste fait preuve d’une grande diversité et plasticité pour coller aux cultures des différentes familles politiques. Ainsi, assez logiquement, la vision d’un épuisement des ressources et du dérèglement climatique s’impose très largement parmi les sympathisants écologistes (56 % de citations) et dans une moindre mesure, bien qu’étant également en tête, au sein des sympathisants des Insoumis (37 %) et du Parti socialiste (31 %). Les sympathisants macroniens qui pensent que l’effondrement est possible partagent plutôt un imaginaire de droite dans la mesure où l’option qu’ils privilégient pour 45 % d’entre eux est celle d’un déclin progressif. On retrouve cet état d’esprit parmi les sympathisants Les Républicains (LR) qui citent à hauteur de 33 % ce scénario d’une décadence ou dégénérescence. Les soutiens du Rassemblement national (RN), quant à eux, sont les seuls à placer en tête parmi les causes d’un effondrement prévisible l’effet de vagues migratoires incontrôlables qu’ils sont 30 % à retenir (soit le double par rapport à la moyenne). Ils sont également nettement plus nombreux que la moyenne des Français collapsologistes à craindre « une guerre civile ou des tensions de plus en plus fortes au sein de la société » (21 % contre 14 % en moyenne). Aux États-Unis, les sympathisants démocrates placent loin devant le scénario des conséquences du réchauffement climatique et de la surconsommation avec 49 % de citations, alors que ce score n’est que de 16 % dans l’électorat républicain, apparemment massivement en ligne avec le discours climato-sceptique de Donald Trump. Les sympathisants républicains mentionnent en revanche bien davantage que les démocrates la perspective d’une guerre civile (24 % contre 10 %), les vagues migratoires totalement incontrôlées (14 % contre 4 %) mais aussi la perspective d’une décadence et d’un effondrement progressif (27 % contre 19 % parmi les démocrates). Leurs homologues conservateurs allemands se retrouvent aussi prioritairement sur ce thème (33 %), quand les sympathisants du SPD (36 %), et plus encore ceux des Grünen, évoquent l’effondrement climatique et la raréfaction des ressources naturelles. Et, à l’instar des électeurs lepénistes, les sympathisants de l’Alternative für Deutschland (AfD) se positionnent majoritairement sur l’hypothèse de la submersion migratoire (40 % de citations contre 17 % en moyenne) mais également sur les risques de guerre civile (23 % contre 14 %).On notera que dans la plupart des pays étudiés, l’adhésion au scénario d’un effondrement de la civilisation est nettement plus prégnante parmi les électorats des formations radicales ou contestataires de droite comme de gauche. À l’inverse, les sympathisants des partis de gouvernement, plus à l’aise avec le fonctionnement de la société et généralement les mieux insérés socialement, sont tendanciellement moins enclins à communier dans une telle vision. Ainsi, en Allemagne, 57 % des sympathisants de l’AfD et 47 % de ceux de Die Linke sont d’accord avec cette thèse d’un effondrement prévisible de la société contre seulement 23 % de leurs homologues du SPD et 31 % des proches de la CDU/CSU. On va retrouver la même configuration partisane en Italie et en France à ceci près que, d’une part, dans toutes les composantes politiques, la prévalence d’une croyance effondriste est nettement plus élevée et que, d’autre part, les écarts entre partis de gouvernement et partis protestataires sont plus faibles. En Italie, l’adhésion à la théorie d’un effondrement de la civilisation s’établit à 74 % parmi les sympathisants de la Ligue et 71 % pour ceux du Mouvement 5 étoiles, soit un étiage identique à celui observé dans les rangs de Forza Italia (73 %). Seuls les sympathisants de Parti Democratico sont un petit peu moins pessimistes (59 %). En France, la configuration est assez similaire : 76 % des Insoumis, 74 % des sympathisants du RN mais également 71 % de ceux des Républicains font ce diagnostic qui est également partagé par 61 % des sympathisants socialistes. Dans ce climat décliniste, les sympathisants La République en marche (LREM) se démarquent en affichant un degré d’optimisme plus élevé : seuls 39 % d’entre eux diagnostiquent un effondrement de notre civilisation.”Quand vient la question portant sur les rapports sociaux, la tendance est plutôt survivaliste pour tous les pays sondés ( 44% pour le Royaume-Uni et plus pour la France, les USA et l’Allemagne) à l’exception de l’Italie qui elle dévoile un pourcentage de 48% de réponses collapsonautes contre 41% de réponses survivalistes.
Une enquête menée de notre propre initiative et uniquement du côté français indique des résultats similaires tout en y ajoutant une information sur le profil des individus croyant à l’effondrement de la société. En effet, les moins de 30 ans sont plus susceptibles de croire en cette théorie que les 30 ans et plus. Cette tendance chez les moins de 30 ans à croire plus aisément en l’idée d’un hypothétique effondrement pourrait s’expliquer par leur rapport beaucoup plus actif et moins détaché à l’Internet et aux réseaux sociaux que leurs aînés. Ces deux outils en question rapportant voire fabriquant plus de mauvaises nouvelles, et le tout plus rapidement, que les autres médias tels la télévision ou la presse papier. Ce faisant, le risque de percevoir un potentiel futur effondrement s'accroît chez les consommateurs d’Internet ou des réseaux sociaux.
Ces dernières années, le commerce survivaliste n’a cessé de croître comme le rapporte différentes données:
-L’entreprise Décathlon a lancé sa gamme bushcraft, une gamme très prisée des survivalistes
-L’entreprise Terrang, une enseigne spécialisée dans l’équipement militaire et paramilitaire, fait 5% des 15 millions d’euros de chiffres d’affaires auprès du public survivaliste.
-Le salon du survivalisme a accueilli 10 000 visiteurs lors de sa deuxième édition en 2020 contre 7800 en 2019
La crise du covid-19 n’a fait qu’accentuer le phénomène comme le prouve les pénuries de rouleaux de papier toilette, l’augmentation du chiffre d’affaires à 120% en février 2020 de l’entreprise spécialisée en produits alimentaires lyophilisés “Lyophilisé and Co” ou bien encore le boum de l’industrie de l’armement aux Etats-Unis représentée par l’augmentation de 68% des ventes de munitions en mars 2020 de l’entreprise “Ammo.com”.
Mais le produit phare des survivalistes est le bunker. Aux Etats-Unis, les ventes de bunkers souterrains ont explosé de 500% et les demandes de renseignements concernant ce type de biens ont elles bondi de 2000% en 2020. Un business de bunkers de luxe a même émergé ces dernières années. Ces bunkers de luxe sont conçus avec les meilleurs matériaux qui soient, approuvés par l’armée états-unienne, et aménagés de la même façon que des habitats de luxe comprenant tout le mobilier, l’espace et l’équipement propre aux classes très aisées tels que des salles de jeux avec billard ou babyfoot, des salles à manger somptueuses, des salles de bain hauts de gammes, des cuisines tout équipées, des saunas, des piscines et même des garages. Si beaucoup de bunkers sont de nouvelles constructions, d’autres sont d’anciennes installations militaires réaffectées et réaménagées en maisons souterraines à l’instar d’un immense site de plus de 45km² abritant près de 600 bunkers dispersés ayant servi d’entrepôts de munitions jusqu’en 1967 avant d’être laissés à l’abandon par l’armée. Ce qu’on pourrait qualifier de ville équivaut à près de trois quarts de la superficie de l’île de Manhattan. En Suisse, le bunker est institutionnel puisque la loi fédérale relative à la protection civile, datant de 1963 dans un contexte de guerre froide, oblige tous les citoyens à se doter d’un abri antiatomique dans ou à proximité de son lieu d’habitation dans un délai raisonnable. Cependant, la loi dont il est question a été modifiée en 2010. Désormais, l’obligation ne s’applique plus qu’aux individus habitant dans des zones dites déficitaires en abris. Avec les 8,6 millions de places disponibles, pour une population de 8,5 millions d’habitants, dans les abris anti-atomiques; l'entièreté de la population suisse pourrait être accueillie en cas de guerre nucléaire. Le problème de cette situation est que le gouvernement fédéral suisse tente tant bien que mal de reconvertir un très nombre de ses bunkers. Certains desdits bunkers sont reconvertis en hébergements pour migrants ou bien en data centers. Par ailleurs, il existe une société suisse spécialisée dans les bunkers qui propose un projet de micro ville souterraine autosuffisante nommée “ Arche Horizon”. Ce projet présente la construction d ’un gigantesque complexe creusé au cœur de la roche et protégeant de tout type de menace, que cela soit des cataclysmes, des frappes nucléaires, des pandémies ou bien encore des attaques chimiques. Chacune des parties du complexe aura sa fonction (administration, bloc de télécommunications, laboratoires, parkings, etc) et chacun des habitants de cette micro ville se verra attribuer une mission au cœur de cet abri. L’objectif de ce bunker est de protéger la population qui y vivra le temps qu’il faudra pour permettre une recolonisation de la surface d’ou des niveaux entiers dédiés au stockage de biens de l’humanité comme des œuvres d’arts ou des ouvrages ainsi qu’au stockage d’une conséquente conservation d’échantillons d’ADN (humains comme animaux) et de semences.
Des avenirs ?


Il faut tout d’abord, faire une distinction sémantique entre le futur et l’avenir : pour des auteurs comme Le Goff, Citton ou encore La Tour, le futur est ce qui survivra au présent indépendamment de l’Humain, l’avenir est le futur chargé des valeurs du passé et du présent, partiellement dépendant de l’Humain. Aujourd’hui la société occidentale a tendance à transformer le futur en avenir. En effet, la thèse de Jacques Le Goff parle d’une indifférence envers le futur mais une véritable aspiration à penser l’avenir;et à l’inverse certaines sociétés « démissionnent » de l’avenir en le ramenant en simple futur.
Le Goff prend l’exemple du Moyen Âge central en Occident (12° et 13° siècle), où les sociétés se concentrent sur l’avenir en ignorant le futur. Avenir par le salut des âmes et par le biais religieux. On le retrouve dans l’étymologie latine des mots employés par les clercs dans leurs manuscrits.
La doctrine d’un futur qui n’est que catastrophique repris depuis l’Antiquité, comme par exemple avec la Théorie des 4 Âges du texte De Genesi Contra Manichaeos (4°siècle), revisité par Saint Augustin à la période médiévale, qui connut un énorme succès et a marqué la pensée Européenne.
A la période médiévale, on croit en la doctrine du millénarisme : Le millénarisme (ou chiliasme), est une doctrine religieuse qui soutient l'idée d'un règne terrestre du Messie, après que celui-ci aura chassé l'Antéchrist, et préalablement au Jugement dernier. Cette doctrine est toujours présente dans nos sociétés, évidemment véhiculée par les religions monothéistes mais aussi par les productions culturelles. Le millénarisme et cette perception du futur est à mettre en lien avec la peur de la mort, et pour la société médiévale une économie et de production axée sur la subsistance
Au fil des siècles, la perception du monde alentour et du temps est mieux maîtrisée, et les mutations des sociétés et des cultures d’Occident ont réorienté la perception de l’avenir , non pas essentiellement sur le plan céleste et spirituel, mais aussi sur la Terre. Le Goff utilise le néologisme de « terrestrialisation » pour décrire cette mutation du millénarisme, qui est celui que nous connaissons aujourd’hui.
Mais alors, Le futur-est-il vraiment un objet d’étude pour les sciences sociales ?
Bruno Latour , Sociologue, anthropologue et philosophe des science, définit le futur comme une fuite du passé . D’ailleurs futur et la futurologie ont souvent été tournées vers le passé pour la pensée de notre moderne du progrès. Comme l’explique le Goff, il a existé durant ces derniers siècles une « hype » du futur utopique, puis comme aujourd’hui une véritable attraction pour le futur dystopique. Bruno Latour explique ce phénomène par le passage des individus d’une sorte de fuite à la résignation de ce dit futur. En partant de cette pensée, comment imaginer le futur ainsi que l’avenir, dans notre contexte de crise environnementale ?
Yves Citton , Professeur de littérature à l'Université de Grenoble et Chercheur au CNRS, ( l'auteur de "Gestes d'humanités " (Armand Colin, 2012) et "L'avenir des humanités ") lui met en lien le passage du futur avec le passage de « l’économie de production à l’économie de l’attention ». Comment filtrer ce qui vient à nous ? Il propose une reconfiguration de nos réflexions écologiques et économiques, dans une société où la surabondance est omniprésente. Selon lui, « l’avenir c’est ce qu’on en fait, les choix que l’on fait (Pensée substantielle et pensée relative s’opposent sur cette perception de l’avenir). L'espoir et le futur sont liés. L’Humain n’agit que lorsque l’espoir commence à « mourir » et quand l’obligation nous pousse au pied du mur. Aujourd’hui au sein de notre société occidentale du XXI siècle, il existe une multitude de luttes pour modifier nos pratiques et nos mœurs. dans le but de changer notre futur.
Bruno Latour exprime qu’il existe une forme d’accélération du vocabulaire politique et révolutionnaire, mais qui n’est pas adapté à l’urgence de la situation écologique. Selon lui, il existe un décalage,qui régit encore en politique sociale humaine et moins en politique écologique. Latour suggère qu’il faut accorder « la figure et le fond », le décor de la situation humaine est devenu un acteur de celle-ci, et il faut en prendre conscience. Il n’y a aucune incertitude sur cette instabilité écologique et humaine que nous connaissons et vivons, le décor s’effondre, mais n’entraîne aucune réaction conséquente.
Pour Latour, on a du mal à faire le deuil du futur, car il serait synonyme de désespoir. Alors qu’il est sujet ici d’une adaptation de l’espoir pour survivre. Le futur doit devenir un processus d’émancipation qui se déchire entraîne des changements anthropologiques sur la perception de notre environnement de de notre propre situation.
Après la crise du Coronavirus, nombreuses tribunes qui parlent de ce thème dès le début du premier confinement . L’écrivain israélien David Grossmann dans Libération imaginait que “certains d’entre nous ne voudraient plus revenir à leur vie antérieure... ”
Tiagro Rodirguez, directeur artistique au théâtre national Dona Maria II de Lisbonne affirme que le confinement a été une paralysie pour les arts vivants et du spectacle. La visioconférence ne remplace pas le contact humain.
Youna Marette,militante belge de la justice sociale et climatique Génération Climat, sent venir une période radicale qui s’ouvre, la jeunesse s’implique dans le changement environnemental et social. La naissance de cette convention est pour elle un premier pas vers le changement social et l’action implicative des citoyens français.
Le confinement a été un ralentissement, pour se rapprocher de la véritable vitesse du temps. Nous vivions le temps comme une contrainte. De façon générale, ce confinement est un nouveau rapport au temps. La question d’échelle primordiale. « Faut-il stopper le train du progrès ? » Laurent Vidal, historien d’Amérique Latine et professeur à l’université de la Rochelle parle de la notion des hommes lents et la résistance à la modernité. La modernité, c’est la rapidité et la puissance. Et j’ajouterai, le confort, ou un « sur confort », poussé à l’excès. Selon lui, il faut être des rêveurs perplexes et lents, il faut changer de rythme. On peut être modernes de manière très différentes.
Le futur , perçu par de nombreux individus comme un scénario qui ne peut être que péjoratif, surtout en cette période de crise, se doit être pour beaucoup de spécialistes comme un « tremplin » vers une adaptation de nos pratiques, et de nos productions. Changements et bouleversements sont inévitables,
qu’ils soient environnementaux, sociaux, politiques ou encore technologiques. Il ne faut pas oublier que ce qui fait l’épatante évolution de l’Homme, c’est sa capacité d’adaptation. Il me paraît tout à fait cohérent que les sciences sociales s’intéressent au futur, car même étant axées sur l’Humain, il est indéniable que celui-ci a façonné la situation dans laquelle il se trouve. Il est donc ce son devoir, il en est même vital, qu’il se prépare à appréhender son futur et celui de son lieu de vie.

Il est donc intéressant de se pencher sur les pratiques, et la perception des individus au sein de la société occidentale, sur cette question de crise, de futur, et d’adaptation. Que font-ils pour modifier ce futur? Que proposent-ils? Que pensent-ils de la situation actuelle?
Dans ces réponses multiples, il existe le courant de pensée de la collapsologie, apparu dans les années 2010. La Collapsologie est une croyance ou une science, selon la considération que l’on porte à l’égard de ce courant, envisageant et étudiant les risques de l’effondrement d’une société ainsi que ses conséquences. Ce terme a été inventé par Pablo Servigne en 2015 dans son essai Comment tout peut s'effondrer.: Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes. Cela dit, la croyance en un possible effondrement d’une société ainsi que son étude existait bien avant le néologisme “collapsologie”. En effet, il existe depuis la Guerre froide un mouvement se préparant audit effondrement: le survivalisme. De nos jours, avec la pandémie de covid-19 ainsi que le dérèglement climatique, le sentiment d’un possible effondrement de la société connaît une croissance importante en Occident. De ce fait, les mouvements et les entreprises liées à cette perception connaissent eux aussi une importante croissance.
Dans la préparation à un effondrement de la société, il existe deux principaux courants: le courant survivaliste et le courant collapsonaute. Le survivalisme, terme inventé par Kurt Saxon en 1975 dans son essai The survivor, désigne la préparation individuelle des individus à survivre à l’effondrement de la société. Le courant “collapsonaute” lui, inventé comme pour la collapsologie par Pablo Servigne, désigne une préparation non pas individuelle mais collective à l’effondrement. La perception de l’être humain dans une telle situation est donc ce qui distingue ces deux courants. Alors que la préparation individuelle des survivalistes s’explique par leur vision de l’être humain devenant ou restant un loup pour ses semblables dans une situation de survie. Tandis que les collapsonautes considèrent eux que la plupart des êtres humains prendront conscience de la nécessité de l’entraide dans une situation survie. Cependant, les courants survivaliste et collapsonaute comportent en leur sein des profils et des tendances diverses les rendant ainsi hétérogènes. A titre d’exemple, on retrouve aussi bien chez les survivalistes des individus qui se préparent à vivre dans la nature que des individus qui comptent assurer leur survie dans des bunkers.

Bibliographie et sitographie:
- J. Le Goff, « Le Moyen Âge entre le futur et l’avenir » in Vingtième Siècle, Revue d’Histoire, 1984, pp.15-22
-“Anthropologie du futur et crise du futur” dans La Suite dans les Idées, Radio France Culture 7/09/2013
-« Le « monde d’après » n’était-il qu’une utopie ? », dans Le Temps du Débat, Radio France Culture, 22/06/2020
Clara Mollet
Anonyme