Le monde pendant / le monde d'après
Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur nos rapports avec nos animaux de compagnie ?
Juliette Bleuse, Ananza Ndjaka Lock & Manon Demarly
Le rapport homme/animal de compagnie a-t-il changé avec le covid-19 et les mesures sanitaires ?
 Pour répondre à cette problématique, nous avions prévu de nous rendre dans un refuge pour chats à Montmorency (78). Malheureusement cela n’a pas été possible, donc nous avons invité Julia, bénévole au refuge afin de lui poser des questions. 
Le refuge se nomme  « SOS Multicats »  et est situé dans le parc de l’hôpital de Montmorency, dans un bâtiment prêté par l’hôpital. L’association est composée de neuf bénévoles passionnées, toutes des femmes. 
Le refuge s’occupe de donner une nouvelle vie à des chats abandonnés. Les bénévoles récupèrent les chats dans des terrains abandonnés, ruelles ou alors lorsqu’il n’y a plus personne pour s’en occuper, par exemple lorsqu’une personne âgée possédant un ou plusieurs chats décède. Les femmes chargées de récupérer ces chats, qui peuvent parfois être hostiles, s’appellent les « trappeuses ». C’est la première étape du sauvetage mais c’est aussi une des plus dures : le « trappage » peut durer des heures, dans de mauvaises conditions météorologiques ou pendant la nuit, ou alors être de très grande envergure (par exemple, Julia nous racontait la fois ou les bénévoles ont dû récupérer les chats d’une personne âgée décédée, au nombre de 27, complètement délaissés depuis des mois dans son appartement). 
Une fois que les bénévoles ont récupéré un nouveau chat ou chaton, leur priorité est de le faire stériliser. Pour Julia, c’est l’étape la plus importante puisqu’une des missions du refuge est d’empêcher une reproduction massive. En 2019, le refuge « SOS Multicats » a stérilisé plus de 1000 chats !
Les chats que le refuge a secourus sont ensuite traités au cas par cas. Si l’animal a besoin de soins, urgents ou pas, il sera emmené chez le vétérinaire puis restera en soins au refuge pour une durée de 10 à 15 jours, dans des grandes cages qui permettent aux bénévoles de leur donner leurs médicaments, éviter qu’ils se blessent en bougeant trop, les réhabituer à une présence humaine en les caressant régulièrement… Lorsque l’animal est guéri ou s’il est en bonne santé dès le départ, là aussi sa situation future va dépendre du cas par cas, basé sur son caractère. Si le chat est affectueux et calme, il sera placé dans une famille adoptive. Si le chat a un mauvais caractère ou ne correspond pas à une vie d’intérieur, il est relâché. Enfin, si le chat a mauvais caractère mais qu’il a été maltraité ou en danger dans la rue, il sera relâché au sein du parc de l’hôpital, où les bénévoles continueront de prendre soin de lui. 
Lorsqu’un chat est placé à l’adoption, les bénévoles s’occupent de faire le « background check » des personnes qui veulent adopter. Elles demandent aux concernés s’ils ont déjà eu un animal, s’ils vivent dans un appartement ou dans une maison, s' il y aura des enfants en contact avec le chat…. Elles s’assurent que l’environnement sera positif pour le chat adopté et choisissent celui-ci en fonction des caractéristiques des adoptants. En 2019, le refuge a trouvé une nouvelle famille à plus de 300 chats.  Les bénévoles sont toutes d’accord pour dire que la satisfaction de voir un chat adopté vivre une vie heureuse est plus importante que tous les efforts fournis pour celui-ci.
S’occuper des chats, « trapper », sensibiliser les gens à la cause du refuge, etc… demande beaucoup d’investissement personnel. Il y a toujours beaucoup de chats à la fois en soin et dans le jardin, donc des bénévoles sont présentes sur place tous les jours. Pour Julia, donner une seconde vie à un chat qui a mal vécu représente sa plus grande source de bonheur.
 
Nous avons ensuite demandé à Julia de nous parler des éléments et des aspects du refuge qui ont changé avec la crise du covid-19. 
Au sein du refuge en lui-même, les changements ont été minimes puisque le covid-19 n’affecte pas les animaux. Il n’y a donc pas eu de protocole particulier mis en place, et puisque le refuge s’occupe notamment de chats blessés ou malades, l'hygiène au sein du refuge est déjà forte de base, les cages de soin par exemple ont toujours été désinfectées et nettoyées avec le plus grand soin. De plus, c’est un petit refuge donc il y a rarement plus d’une ou deux bénévoles présentes en même temps sur place, ce qui ne pose pas de problème au niveau des restrictions sanitaires. 
La crise sanitaire a plutôt eu un impact positif sur le refuge. En effet, il n’y a plus de visiteurs dans le parc, mis à part les patients de l’hôpital ou de l’EHPAD. Le « jardin des chats » agit comme une distraction bienvenue pour les patients aussi bien que pour les bénévoles, à qui cela donne une raison de sortir pendant le confinement. De plus, le refuge habituellement toujours rempli de chats a vu son nombre d’occupants diminuer après que le ratio abandons/adoptions ait changé. 
En effet, depuis le début de la pandémie, le nombre d’abandons de chats a baissé de manière conséquente. Julia nous a expliqué que la plupart des abandons volontaires étaient souvent dûs à des départs en vacances, lorsque les propriétaires ne pouvaient pas emmener leur chat avec eux donc l'abandonnent. Il est évident qu’avec la crise les départs en vacances se sont énormément raréfiés, ce qui a donc eu un impact sur les abandons. 
Le nombre d’adoptions quant à lui a augmenté. Les français.es se sont retrouvé.e.s en recherche d’affection avec les multiples confinements. Le fait d’adopter un animal, ici un chat, tient compagnie et permet de s’occuper pendant ces périodes de solitudes. La solution de l’adoption d’un animal de compagnie est donc toute trouvée, et a beaucoup bénéficié au refuge qui a vu beaucoup de ses occupants démarrer une nouvelle vie. 
Le seul impact « négatif » qu’a eu la pandémie sur le refuge selon Julia est le couvre-feu. En effet, nombre des bénévoles aidant au refuge travaillent durant la journée, et viennent s’occuper des chats le soir. Avec le couvre-feu à 18h ou 19h, il est devenu impossible pour certaines d’entre elles de passer au refuge. L’organisation entre les bénévoles a donc été chamboulée, et elles ont dû s’arranger pour qu’il y ait quelqu’un au refuge tous les jours tout en respectant la loi. 
Avec les confinements successifs et les nombreuses restrictions, on ne compte plus le nombre de personnes qui se sont retrouvées isolées. Pas de diner en famille, ni de sorties entre amis et des cours à distance ou du télétravail ; c’est ce contexte qui a décidé de nombreuses familles à franchir le pas et à adopter un animal de compagnie. De plus, de nombreuses personnes témoignent de leur joie d’avoir eu leur animal avec eux lors du premier confinement. Julia, par exemple, que nous avons interviewée, a bien vécu son confinement en compagnie de ses deux chats et a continué d’aller aider au refuge où elle est bénévole. Pour Matéo, c’est cette situation exceptionnelle qui a fini de convaincre la famille d’adopter Boston, un jeune American Staff. En effet, en cette période compliquée, la présence d’un animal est un réconfort et permet de lutter contre l’ennui, ainsi que fournir une excuse pour pouvoir sortir malgré les restrictions pour les promenades quotidiennes.
Pendant le premier confinement, alors qu’une partie du monde s’est retrouvée enfermée, qui n’est pas tombée sur les réseaux sociaux sur ces vidéos de chien ou de chat venant déranger leur maître pendant qu’il télétravaillait[1]. Nos habitudes et nos vies ont été totalement chamboulées par la pandémie, nous obligeant à nous adapter à un nouveau mode de vie. Mais la vie de nos animaux, qui sont de véritables compagnons de vie, l’a également été. Ils se sont, en effet, retrouvés à passer leur journée entière avec leur propriétaire, à jouer avec eux, être promené et cajolé. Malheureusement aussi cela a eu des conséquences : risque d’hyperattachement, problème de socialisation pour les jeunes chiots adoptés pendant le confinement. Les maîtres aussi s'inquiètent de l’Après-confinement et de laisser leur fidèle compagnon seul.
Lors de notre entretien, Julia nous a indiqué que la crise sanitaire n’avait pas vraiment eu d’impact sur les abandons. Elle a notamment souligné que les gens, ne partant plus en vacances, avaient moins tendance à abandonner leurs chats. Au contraire, la pandémie a plutôt eu tendance à favoriser les adoptions.
Quelles sont les conséquences du confinement sur nos animaux de compagnie?